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Un jour, mon David Nicholls viendra !

Depuis la sortie en salles récente du film Un jour, basé sur le roman éponyme de David Nicholls, j’espère avec encore plus d’ardeur que cet écrivain anglais au charme incomparable puisse faire une entrée fracassante dans les librairies francophones.

Bien sûr, le film a déjà ses critiques, certaines douces-amères, certaines carrément féroces, mais n’est-ce pas le signe que le public s’est tellement identifié à un roman qu’il se l’est approprié, au point de se méfier de toute tentative d’adaptation ? Voyez-vous, Un Jour a tenu en haleine des millions de lecteurs au Royaume-Uni et dans le monde anglophone, avant de se faire traduire en 25 langues.

C’est le genre de roman que l’on prend partout avec soi, même si on n’aura probablement le temps de ne lire qu’un paragraphe de cette brique de 500 pages…. Et même si l’on ferait mieux de lire celui-ci loin des espaces publics, à l’abri des regards, de peur d’éclats de rire bruyants ou de sanglots tout aussi sonores. Le genre de roman que l’on n’oublie pas, dont les personnages nous font immédiatement penser qu’on les connaît intimement, et nous attendrissent tout autant qu’ils nous enragent par moments.

Ces personnages, Emma et Dexter (une fille, un garçon ; jusque là, rien de fracassant), vont passer le roman à se croiser, depuis leur première nuit alors qu’ils sont tout jeunes diplômés d’université, à travers les hauts et les bas des vingt années suivantes, jusqu’à prendre conscience que ce qui les lie est plus fort qu’une amitié. Chacune des vingt années est évoquée dans de courts chapitres consacrés au même jour, le 15 juillet, date de leur première rencontre. Elle, d’un milieu modeste, ne réalise pas qu’elle peut être belle, a la tête bien faite mais un peu trop pleine de grands idéaux, d’incertitudes et de complexes, et ne laisse rien passer à son charismatique ami Dexter. Il est vrai qu’il a sans doute été trop gâté par une famille aimante et aisée. Il aborde tout avec la même nonchalance souriante qui lui vaut un succès non négligeable auprès de dizaines de donzelles attirées par son physique d’éphèbe.

En somme, il s’agit du canevas classique des opposés qui s’attirent… mais cela importe peu ici : à mon avis, c’est plutôt le ton qui vous emmène rapidement, l’humour décalé et so British des dialogues des deux protagonistes (dans l’une des lettres/quasi-déclarations les plus sincères et poignantes qu’on ait pu lire, Dexter voudrait « offrir [à Emma] le cadeau de la confiance en soi. Ça, ou alors une bougie parfumée. ») et l’observation fine mais bienveillante de l’entrée dans l’âge adulte d’amis qui ignorent comment se bâtir une vie qui les rendra heureux. C’est aussi la chronique sociale des vingt dernières décennies au Royaume-Uni, des années Thatcher à celles de Blair, un peu à la façon du chef-d’œuvre de Jonathan Coe, Testament à l’anglaise, qui peignait un tableau plus que vivant du vingtième siècle en Grande-Bretagne.

David Nicholls, en passe de devenir un auteur culte outre-Manche, écrit aussi pour la télévision, et ça se sent : les répliques sont cinglantes, les images se succèdent à un rythme soutenu. L’écrivain a le don d’évoquer une situation ou un personnage en deux lignes, en mentionnant son parfum ou en décrivant ses choix vestimentaires. Pour autant, Un jour ne paraît jamais superficiel ; simplement, c’est un récit rapidement (enfin, tout de même, 500 pages !) brossé, efficace car il nous rappelle en quelques secondes l’ambiance d’une époque, comme s’il nous renvoyait à ce que nous étions il n’y a pas si longtemps.

À côté de cette histoire touchante d’une amitié dont le lecteur rêve qu’elle se change en amour à chaque page, Nicholls a publié deux autres romans, pas encore disponibles en français. L’un d’eux, Starter for Ten, est une forme de clin d’œil de l’auteur à sa propre jeunesse : un roman d’initiation aux accents autobiographiques, hilarant, suivant les pas d’un jeune étudiant dans les années 1980. D’amours déçues en grandes révélations, le roman semble toujours tempérer celles-ci par un ton si léger que l’on en savoure d’autant plus la lucidité.

Alors, voilà le plan, chers lecteurs : soit nous nous mettons tous à l’anglais en intensif pour pouvoir lire les autres trésors que David Nicholls nous réserve, soit nous nous lançons en campagne pour que ces romans anciens (et futurs, espérons-le !) apparaissent en français sur les tables de nos libraires. Dans les deux cas, nous y gagnerons. Et que ça saute !

 

A. Louette – Rédactrice TRIBUNES ROMANDES

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