Tribunes Romandes Appointée à la gendarmerie vaudoise, vous venez de sortir un livre qui s’intitule « Comprendre et désamorcer la violence chez les jeunes ». N’est-ce pas un livre de trop ?
Violaine Martinella-Grau : Pas du tout, même s'il est vrai que la littérature dans ce domaine est importante.
Cet ouvrage est véritablement novateur et comble un vide en la matière. Son originalité tient à trois aspects :
Tribunes Romandes Ce qui est frappant dans ce livre, c’est l’évocation et la description de faits réels qui se sont produits. Le but visé est-il d’inquiéter le lecteur ?
Violaine Martinella-Grau : Absolument pas. L'évocation de faits réels était pour moi un véritable choix d'auteur, ceci afin de donner une certaine coloration au livre. Par ailleurs, ma volonté était également de transmettre au lecteur que la violence existe, que nous la côtoyons au quotidien, sous des formes très diverses et il n'y a pas de honte à le reconnaître. Enfin, subir de la violence ou assister à des scènes de violence génère une forte charge émotionnelle. En l'exprimant au travers de ces cas réels, c'était une façon pour moi de dire au lecteur qu'il n'est pas seul face à cette problématique, que plein d'autres personnes y sont confrontées et que les émotions qui y sont liées sont tout à fait légitimes.
Tribunes Romandes Quelles sont les violences les plus récurrentes chez les jeunes ?
Violaine Martinella-Grau : Je dirai que ce sont principalement dans les délits mineurs (incivilités, dommages à la propriété, voies de fait, brigandage) que la violence est en forte augmentation et que les jeunes se distinguent. Cependant, il ne faut pas oublier que cette violence ne touche que le 3 à 5 % des jeunes en Suisse. Plus généralement, une forte diminution du respect de l'autre et de l'autorité (policier, enseignant, etc.) est constatée. Ceci pourrait s'expliquer peut-être par l'accent porté ces dernières années sur les droits des enfants, au détriment d'une information et d'une éducation sur leurs devoirs. Le phénomène des "enfants rois" joue également certainement un rôle.
Tribunes Romandes Le « Shag band » ou « Bracelet du sexe » est l’accessoire de mode qui fait ravage dans certains établissements scolaires notamment au Brésil ? Que signifie-t-il ?
Violaine Martinella-Grau : C'était un jeu très en vogue au Brésil, qui a débuté en 2009 avec la commercialisation des bracelets en plastique coloré que nous trouvons également en Suisse. Les jeunes ont attribué des codes sexuels aux couleurs (une danse érotique, un baiser, une fellation, etc.). Le jeu était d'arracher les bracelets des autres et d'obtenir la faveur sexuelle correspondante. Ils ont cependant été interdits par le Gouvernement en avril 2010, suite au viol d'une mineure de 13 ans. Par rapport aux jeux sexuels entre mineurs en Suisse, il est intéressant de relever qu'une étude réalisée par l'hôpital de Zürich en 2006 a démontré que le 40% des cas de violences sexuelles commises sur des enfants étaient le fait d'agresseurs mineurs.
Tribunes Romandes Par très éloigné du « Bracelet du sexe », nous connaissons en Suisse des jeux tels que "Action ou Vérité » ou même celui du foulard. De tels jeux ne sont-ils pas un signe que l'éducation dans nos écoles n'est ni suffisante ni de bonne qualité ?
Violaine Martinella-Grau : Je ne dirai pas cela. Par rapport à ces jeux, il est très difficile d'en mesurer l'ampleur et d'en donner des statistiques, les jeunes s'exprimant peu sur le sujet et personne n'étant là sur le chemin de l'école pour les suivre dans ce type d'activités. Quant à la prévention, la question est toujours ouverte. Faut-il prévenir les jeunes sur les dangers de ces jeux, au risque de leur donner des idées qu'ils n'auraient peut-être pas eues ou vaut-il mieux ne rien dire, en espérant qu'ils ne s'y adonnent pas ?
Tribunes Romandes Comment peut-on canaliser la violence des jeunes ?
Violaine Martinella-Grau : L'une des manières possible est de favoriser l'émergence d'une passion pour un sport ou pour toute autre activité. Pour que cela fonctionne, l'adhésion du jeune est fondamentale. Une autre possibilité est de montrer l'exemple, par un comportement sain, en situation de violence ou d'agressivité. Fixer des limites est également fondamental.
Pour revenir aux jeunes qui connaissent des problèmes de délinquance et/ou des troubles sérieux du comportement, la pratique d'un art martial en milieu sécurisé fait souvent des miracles. Le policier valaisan Raphaël Roig, avec lequel je collabore sur divers projets en lien avec la gestion et la prévention de la violence, s'est spécialisé dans cette pratique et a remporté plusieurs succès avec des jeunes placés en centre éducatif. A travers la pratique du Close Combat, il leur inculque la maîtrise de soi et le respect de l'autre.
Interview réalisée par Thierry Dime – Directeur de Publication
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