Plus d’émincés de bœuf, mais un ragoût d’insectes !

Détails

Catégorie : Editorial

Par Romain Wanner, rédacteur en chef TRIBUNES ROMANDES

Toutes les études alimentaires le prouvent, dans quelques années, la production de viande ne suffira plus pour alimenter toute la planète. On connait aussi l’impact écologique qu’ont les élevages de bovins sur l’environnement et l'augmentation de cette production ne s’avère pas très "verte" sachant qu’il faut environ 10kg de nourriture pour fabriquer 1 kilo de viande.

C’est pourquoi, certains se sont tournés vers les insectes. Comme on peut s’en douter, tous les insectes ne sont pas impropres à la consommation, plusieurs espèces de sauterelles, des scorpions, des vers et quelques phasmes peuvent se consommer.

La fabrication d’un kilo de certaines espèces de grillons et de criquets ne demande que deux kilos de nourriture. C’est tout de même cinq fois inférieur à l’élevage bovin, et donc cinq fois plus rentable.

Alors allons-nous tous devenir entomophages ?

Sachant qu’il se développe déjà dans plusieurs grandes villes d’Europe des restaurants entomophages et qu’en Thaïlande les insectes sont très appréciés, on pourrait les voir sur nos tables dans quelques années.

Il faut quand même rester un peu objectif, la cuisine traditionnelle ne va pas disparaître d’un coup. On trouvera certainement encore des viandes animales dans un siècle, mais d’ici là l’industrie alimentaire risque fort de délaisser les produits animaliers pour se tourner vers les insectes… Les avantages sont partout : les insectes coûtent moins cher à fabriquer, il ne faut pas des hectares pour en élever une grande quantité  et surtout, ils sont plus protéinés que les bovins…

D’ailleurs, dans l’industrie, on commence déjà à remplacer certains additifs par d’autres qui proviennent directement des insectes… Mais comment peut-on ne pas être au courant, me direz-vous ? C’est simple, camouflé sous un numéro E-XXX, on pourrait nous faire manger presque n’importe quoi…

« Miam, des fourmis ! »

Attention tout de même à ne pas commencer à manger la moindre fourmi, le premier scorpion ou l’araignée qui traine devant votre maison… Il y a, certes, plus de 1400 espèces d’insectes consommables sur Terre mais pour être sûr, mieux vaut se tourner vers des spécialistes, du moins pour l'instant.

Quel avenir en Europe ?

Quoi qu’il en soit, pour être tout à fait honnête, je doute que dès demain, on puisse trouver un paquet de sauterelles surgelées dans un supermarché suisse… Le continent européen étant encore relativement riche face à d’autres régions du monde, ce n’est probablement pas par-là que le Programme Alimentaire Mondial va commencer à introduire des insectes dans l’alimentation. Le but à long terme est quand même de pouvoir nourrir la population mondiale qui, comme on le sait, va croissante chaque année, mais ce n'est au sud qu'on voit déjà des fermes d'insectes apparaître.

Dans nos régions, la mentalité des gens n'est sûrement pas prête à voir un changement drastique du jour au lendemain. Mais peut-être verra-t-on un plat entomophage dans l’examen des  CFC de cuisine de 2040… Ou alors, ce sera sous des formes cachées que nous mangerons des petites bêtes, mais sans même le savoir… Car, honnêtement, qui peut dire qu’il sait ce qu’il mange aujourd'hui quand il consomme un plat tout prêt ou une boîte de quelque chose ? Probablement personne…

Enfin, ce n’est pas pour nous déplaire, et si gustativement l’insecte est intéressant, pourquoi pas… On a bien cuisiné avec de l’azote, mangé des additifs chimiques pendant plusieurs décennies, on va s’habituer à manger des bêbêtes… Et puis, si des peuples en consomment depuis des siècles, pourquoi pas nous ?

Romain Wanner, rédacteur en chef de TRIBUNES ROMANDES

Copyright © TRIBUNES ROMANDES - Tous droits réservés

Partager cet article

Nomrequis   

E-mailrequis   

Commentairerequis   

 1000 caractères restants

  J'accepte les termes et conditions d'utilisation

 

 

  Envoyer Effacer