Le retard...

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Catégorie : Editorial

Par Romain Wanner, rédacteur en chef TRIBUNES ROMANDES

On a tous connu une ou plusieurs personnes qui avaient la fâcheuse habitude d’arriver systématiquement en retard. Le fait d’être en retard une fois est une chose qui peut se produire pour chacun de nous, même le plus prévoyant des humains sera probablement en retard une fois à cause d’un incident imprévisible.

Mais alors comment est-ce possible qu’une personne puisse-être catégorisée « en retard » en permanence ? Qu’est-ce que cela implique d’être en retard ?

S’il n’est pas forcément bien vu d’être en retard partout, cela peut l’être dans certains cas. Arriver en retard à son mariage, comme on le voit dans de nombreux films, cela peut avoir un sens du point de vue de l’attention. En effet, lorsqu’on est en retard, on force celui/celle ou ceux qui nous attendent à nous mettre au centre de leur attention. Lors d’un mariage, si la mariée arrive en retard, elle affirme sa domination sur la cérémonie, non seulement en étant la plus belle, mais aussi en confirmant que c’est « sa » journée, vu que toutes les personnes présentes dans la salle auront été obligées de penser à elle pendant l’attente, la mettant au centre de l’attention générale.

C’est aussi le cas lors des rendez-vous amoureux où, bien que ce soit très mal vu que l’homme arrive en retard, la femme peut se permettre d’arriver avec cinq petites minutes de retard, ce qui la place forcément au centre de l’attention de son prétendant.

Pourquoi est-on en retard ?

Il n’est pas aisé d’expliquer pourquoi une personne est en retard. Là-dessus, il existe plusieurs hypothèses émises par des spécialistes.

Premièrement, cela peut venir d’un manque d’organisation. En fait, ce n’est pas forcément un manque d’organisation en soi, mais plus d’une perception du temps différente. Un individu perpétuellement en retard à ses rendez-vous aura souvent de la peine à compter le temps de trajet entre ceux-ci dans son agenda. Il enchainera alors les rendez-vous avec un quart d’heure de marge, qui lui permet simplement de changer d’air entre les réunions, sans pour autant compter qu’il lui faut un quart d’heure supplémentaire pour se déplacer jusqu’à la réunion suivante. C’est pourquoi au fil de la journée cette personne est contrainte d’annuler des rendez-vous afin de garder un emploi du temps qu’elle jugera « réalisable ».

Ensuite, selon certains, le fait d’être en retard implique un état dépressif. En effet, certaines études prouvent que des retardataires permanents font simplement fi des conventions sociales et vont chercher dans le retard une forme de coup de bâton social. En arrivant perpétuellement en retard, ces personnes finissent par s’isoler socialement, en perdant leur travail, leurs amis, tout ça à cause non pas du fait d’être en retard, mais surtout du fait de rester calme à ces moments-là. Comme les conventions « l’exigent », il est bien vu, lorsque l’on fait attendre une personne, surtout dans un milieu professionnel, de s’excuser de cette attente. En restant serein dans ces moments, on se pose comme irrespectueux des personnes qui nous ont attendu et on s’expose alors à des sanctions.

Comment ne plus être en retard ?

Peut-on parler d’un remède miracle pour tous les retardataires ? Non… Aux USA, des études ont montré qu’il était possible de changer sa façon de voir le temps en faisant un agenda inversé. Cet agenda spécial est fait pour faire prendre conscience à son utilisateur, combien de temps prennent les choses de la vie. Celui se voit alors obligé de chronométrer sa journée avec chacune des activités qu’il réalise et ainsi, il arrive à pouvoir mieux calculer mentalement le temps.

Disons-le nous, mettre une montre en avance, même une montre suisse, cela ne change absolument rien dès le moment où on est au courant que celle-ci est réellement en avance. En sachant qu’elle indique l’heure pile plus cinq minutes, on se dit « Bah, j’ai le temps, j’ai même encore cinq minutes d’avance » ce qui implique souvent un retard encore accentué.

Enfin, la seule solution qui existe lorsque l’on sait que l’on a un proche systématiquement en retard, c’est d’arriver soi-même en « retard » en ayant pris compte du temps moyen de retard de l’autre, et donc en arrivant « à son heure à lui ». Mais disons-le nous, ça ne changera pas l’autre…

Romain Wanner- rédacteur en chef des Tribunes Romandes

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