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Un Suisse à Londres – Peter Zumthor architecte de l’été !

Au cœur de Kensington Gardens, loin des autobus rouges à double étage et des taxis des avenues surchargées de la capitale anglaise, se trouve un ovni : une sorte d’immense boîte noire, comme posée devant la Serpentine Gallery, le musée d’art contemporain du parc londonien qui, chaque année depuis onze ans, accueille un pavillon temporaire créé par un architecte qui n’a pas encore conçu de projet au Royaume-Uni.

Cette année, c’est donc au tour de notre architecte renommé, Peter Zumthor, d’avoir les honneurs de la galerie… Le lauréat du prestigieux prix Pritzker, né à Bâle il y a 68 ans et résidant à Haldenstein, a multiplié les projets d’envergure en Suisse, en Allemagne et en Autriche durant sa longue carrière.

Que ce soit au musée Kolumba de Cologne ou aux thermes de Vals, il s’est surtout intéressé aux textures différentes des matériaux et à la tension entre l’espace, le vide, et la matière. Pour son premier projet à Londres, il a à nouveau démontré son talent et son goût pour le minimalisme dans ce pavillon qui semble se soustraire au bruit et aux regards du monde environnant pour permettre aux visiteurs de s’y ressourcer.

Cette grande ‘boîte noire’ renferme en effet des trésors de calme, à la fois pour les yeux et pour l’esprit. Je l’ai visitée un jour de soleil éclatant, et ma vue a dû s’adapter quelques secondes à la pénombre des hauts couloirs du bâtiment, éclairés uniquement par les côtés. En entrant dans le pavillon par l’une de ses six entrées, on arrive dans une longue cour rectangulaire plantée de hautes graminées et plantes sauvages, savamment composées par l’architecte de jardin hollandais Piet Oudolf. Ce jardin est entouré d’un long banc, couvert par un toit plongeant, donnant l’ombre nécessaire à mettre en valeur la fraîcheur des fleurs plantées au centre.

Tout ici fait résonner le silence, semble vouloir rassurer le passant en lui indiquant qu’il est à l’abri entre ces murs. En somme, planté au milieu du parc de Kensington, il s’agit d’un jardin dans un jardin. Clos, où le ciel prend encore plus d’ampleur par le fait d’être encadré ainsi par le toit, et où les oiseaux, les abeilles et les papillons, venus en nombre se poser sur les plantes, donnent le signal du calme revenu après le tumulte de la ville.

Zumthor lui-même décrit sa création comme un ‘Hortus conclusus’, un jardin clos, qui a été comparé par de nombreux observateurs à un cloître où les expériences sensorielles ont le dessus. Ici, les matériaux, le bruit et le silence, la température, vous sautent aux yeux. Plus que les sens, ce jardin appelle aussi au spirituel, tend vers une expression du jardin d’Éden. Ce n’est sans doute pas un hasard, puisque l’architecte contemporain a beaucoup collaboré à des projets de création avec l’Eglise Catholique… Il explique son idée de pavillon temporaire en nous rappelant que nous ne sommes que de passage sur terre, que nous sommes issus de la nature uniquement pour y retourner. On peut, alors, voir dans sa création une réflexion sur la vie et la mort, sur notre place et notre rôle dans le monde.

Une belle introduction pour Peter Zumthor au Royaume-Uni, tandis que les critiques ont déclaré que son pavillon était l’un des plus réussis parmi les projets de la Serpentine Gallery ! Au-delà de l’austérité apparente de son enveloppe, son pavillon parvient à ravir et à charmer les visiteurs de tous âges – les enfants s’amusant à courir dans ses quatre couloirs entre ombre et lumière, et les adultes appréciant de pouvoir se poser quelques minutes dans un havre de paix. Ne manquerait que le ruissellement de l’eau pour renforcer le sentiment de calme, mais il suffit de quitter le pavillon, les yeux à nouveau éblouis par tant de lumière, pour retrouver les innombrables fontaines d’un des plus beaux parcs de Londres… et retomber dans le rythme speedé de la métropole.

Le pavillon de Peter Zumthor, installé devant la Serpentine Gallery, est ouvert gratuitement au public, tous les jours, jusqu’au 16 octobre. Courez-y avant que le pavillon ne soit renvoyé à son acquéreur à l’identité top-secrète, vous ne le regretterez pas !

 

A. Louette – Rédactrice TRIBUNES ROMANDES

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