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Eve Arnold : 99 ans de réflexion

Si vous avez un jour admiré des photos de Marilyn Monroe, il y a des chances que vous connaissiez déjà Eve Arnold. Cette photographe américaine, décédée en janvier 2012 à l’âge de 99 ans, pouvait en effet se vanter d’avoir gagné la confiance de l’actrice et d’en avoir tiré les portraits les plus éloquents. Qu’il s’agisse des moments de doute sur le plateau des Désaxés, le dernier film de la star, ou d’un rare cliché, en maillot de bain, lisant Ulysse de James Joyce… Les deux femmes avaient visiblement tissé au long des années une complicité qui leur a permis de détourner les stéréotypes féminins auxquels l’éternelle pin-up semblait ne pas pouvoir échapper.

Eve Arnold, première femme à entrer dans le cercle très fermé de l’agence de photo Magnum, voulait avant tout s’attacher à dépeindre les minorités, les « pauvres, les vieux, les marginaux », pour déceler, dans la banalité, une part d’extraordinaire. Étrange paradoxe, alors, que cette photographe engagée soit tout aussi célèbre pour ses reportages en Afghanistan ou dans les rues de Harlem que pour ses portraits scintillants des grandes stars du 20ème siècle ? Pas vraiment, si l’on en croit ses confrères et critiques, qui soulignent son talent pour révéler les aspects pathétiques ou banals de vies sous les feux de la rampe, ou les qualités hors du commun d’existences ‘ordinaires’ à travers le monde.

Le co-fondateur de l’agence Magnum, Frank Capa, disait que l’œuvre d’Eve Arnold « se plante là, quelque part entre les jambes de Marlène Dietrich et le quotidien difficile des glaneurs de pommes de terre. » On l’aura compris, Eve ne faisait pas les choses comme tout le monde !

Cette fille d’immigrés russes, née à Philadelphie en 1912 dans une fratrie de neuf enfants, ne se sentait chez elle nulle part – sans doute un héritage de son passé familial, marqué par la diaspora et les persécutions. Préférant se créer une famille d’amis et de collègues au gré de ses expériences, Arnold a parcouru de nombreux pays comme la Chine ou l’Union Soviétique pour en ramener des images marquantes à la fameuse agence Magnum. Ayant débuté en autodidacte dès les années 1940, cette grande dame ne se contentait pas du statut de ‘femme photographe’ qui la poursuivit longtemps, mais devint une ambassadrice de choix pour toutes les femmes.

Avec la douceur et la courtoisie qui la caractérisaient, elle put approcher ses sujets en toute confiance, afin d’exposer des thèmes encore tabous au début de sa carrière, tels que les cinq premières minutes de la vie d’un bébé après la naissance, un reportage-clé pour le magazine américain Life. S’ensuivirent des portraits tout aussi importants des femmes, célèbres ou anonymes, de son époque, dans des recueils, The Unretouched Woman ou All in a Day's Work entre autres, devenus légendaires. Son intérêt insatiable s’appliqua encore au mouvement des droits civiques américain ou à la condition des femmes des harems en Arabie et aux bidonvilles d’Afrique du Sud… pour des reportages publiés dans les plus grands magazines illustrés du siècle dernier, alors en pleine apogée.

En léger décalage par rapport aux photographes en vogue des années 1960-1970, plus éblouis par la culture pop, Eve Arnold préféra se tourner vers le cinéma, maîtrisant les clichés qui semblent ‘volés’, mais sont en fait de rares étincelles de spontanéité obtenues après un long temps d’attente et de complicité développée avec les acteurs.

À sa mort, ses œuvres ont été léguées à différents musées et centres de recherche aux Etats-Unis. Espérons que ceux-ci ne tardent pas à publier ces trésors !

A. Louette – Rédactrice TRIBUNES ROMANDES

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