Flâner à Grenade et dans ses Bains arabes

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Par Faustin Rollinat, rédacteur TRIBUNES ROMANDES

« Voilà plus de vingt ans, camarade, que la nuit règne sur Grenade. Il n’y a plus de Prince sur la ville, pour rêver tout haut » chantait Jean Ferrat en hommage au poète Federico Garcia Llorca...

Bien avant l’auteur de la Maison de Bernarda Alba et les faits tragiques de la guerre civile espagnole, Grenade fut la capitale officielle du dernier royaume musulman d’Espagne, ce qui rend sa visite d’autant plus émouvante sur un territoire européen.

Pendant deux siècles et demi, la dynastie nasride a occupé cette région particulièrement fertile, et fait de leur capitale un joyau. Les architectes musulmans ont bâti à mon sens l’un des palais les plus somptueux de l’art médiéval.

Ville envoûtante qui s’admire au coucher du soleil, son héritage mauresque se déguste depuis l’Albayzin, ce vieux quartier arabe situé en surplomb face à la fabuleuse Alhambra. Depuis la Carril de San Augustin, promontoire qui domine l’Albayzin, on admire l’ensemble de la cité avec en arrière-plan les montagnes arides (mais enneigées à la période hivernale) de la Sierra Nevada.

Dans une petite ruelle proche de la Plaza Nueva (où vous pourrez, dans une petite enseigne de sandwichs bio et de produits frais, savourer le meilleur gazpacho de la ville), les Bains arabes al-Andalous vous accueillent dans l’un des plus beaux cadres imaginables. Ce sont les bains les plus anciens et les mieux conservés de la péninsule ibérique, ils existaient déjà au 11^ème siècle. L’enchevêtrement des salles d’eau nous plonge dans une atmosphère orientale, digne des Contes des mille et une nuits. Bains froids et bains de vapeur se succèdent au sein d’un complexe savant de voûtes et d’arcades pour une détente absolument inégalable, surtout le soir quand la ville s’apprête à renaître dans l’esprit de fête et d’hospitalité qui caractérise les andalous.

Le massage qui l’accompagne est viril. N’ayez aucune crainte si vous y perdez subitement une ou deux côtes, c’est fait pour ça... Quant au thé à la menthe, il est l’un des meilleurs de la ville et pansera admirablement toutes vos blessures.

Si vous souhaitez faire la visite des palais nasrides, levez-vous très tôt de peur de manquer l’un des derniers billets délivrés au haut de la colline de l’Alhambra. Une réservation en amont est toutefois permise, mais vous enlève le goût d’une ballade à six heures du matin dans la luxuriante végétation qui encercle la forteresse. Vous pourrez également, à l’occasion, découvrir les innombrables églises de la ville ou le souk qui serpente à l’intérieur de la ville basse, monter admirer les maisons troglodytes et vous perdre dans les cactus du quartier de Sacromonte.

Tout s’obtient avec une infinie patience à Grenade, et les nuits, devant tout ce charme, il n’est vraiment pas évident de trouver son sommeil…

Faustin Rollinat/Rédacteur TRIBUNES ROMANDES

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