Aller-retour à Budapest pour un Big Mac

Les carnets d'A. Louette

Par A. Louette, rédactrice TRIBUNES ROMANDES

Elle porte le surnom de « Paris de l’Est », compte les plus beaux palais historiques, un château sur une colline, d’innombrables cafés où la bohème survit encore, des places et des rues médiévales, un passé romanesque et mouvementé, et au milieu coule une rivière…

Ouais, moi je dis, la première des raisons valables d’aller faire un tour à Budapest est d’y visiter le Mac Do. Pardon ? ÉVIDEMMENT que je suis sérieuse !

Tout d’abord, à ma décharge, j’aimerais rappeler ici que j’ai déjà entendu des raisons plus fantaisistes de parcourir des kilomètres. Pourquoi le nier, j’ai moi-même acquis, au long des années, le talent incontesté d’élaborer les plans de voyages les plus absurdes. Huit heures de route entre le Québec et New-York pour acheter un livre que j’aurais pu trouver n’importe où, même - Oh sacrilège - sur Amazon ; qui dit mieux ?

Voyez-vous, un Salinger grand cru, ça ne s’achète et ne se lit pas ailleurs qu’à Manhattan, à mon humble avis. Bon, là je frime avec New-York, mais je peux aussi vous extirper de mes tiroirs les escapades de nuit que j’ai infligées à de nombreux amis, juste pour voir si le lever du soleil à la côte belge ressemblait vraiment aux films de Maigret…

Bref, revenons à nos moutons, et sachez que malgré mon manque certain de bon sens, je ne vous ferais pas l’affront de vous inviter à me suivre sur une voie de garage. Donc, amis lecteurs, si je vous dis que le Mc Do de Budapest vaut, à lui seul, le voyage vers la capitale hongroise, n’ayez pas peur de me croire !

Ce Mc Do en question se trouve dans la Gare de l’Ouest (Nyugati Pályaudvar) de la ville, un bijou d’architecture Art Nouveau dont le nom n’est peut-être pas si facile a digérer, mais qui fut construit par la Compagnie parisienne Eiffel (ça vous rappelle quelque chose ?) à la fin du 19^ème siècle, douze ans avant la construction d’une fameuse tour au bord de la Seine. Sa structure en fer a traversé les siècles pratiquement intacte, et aujourd’hui, l’un des grands halls d’attente de la gare est occupé par ce qu’on n’a pas tardé à surnommer le plus beau Mc Donald’s du monde. D’accord, étant donné le niveau esthétique global de cette vénérable chaîne de fast food dans la terre entière, vous êtes en droit de ne pas être particulièrement impressionnés, mais je vous assure que vous ne regretterez pas d’y avoir fait un tour. Libre à vous, une fois sur place, de commander ou non l’un de leurs chefs-d’œuvre gastronomiques !

Bien sûr, si vous avez une minute, le reste de la ville n’est pas mal non plus. Voyons voir : la ville, divisée en Buda, aux allures cosmopolites et distinguées, et Pest, sorte de village médiéval, par le Danube. Depuis le pont qui les relie, les heureux touristes qui ont eu le bon goût de préférer cette destination à Prague devenue trop… touristique, ou a Paris (euh… ben touristique aussi, mais en bonus, beaucoup trop cher), se verront récompensés par l’une des plus belles vues d’Europe. Entre le palais royal digne de Versailles et les hôtels baroques de Buda, l’œil ne sait plus où se poser.

Budapest donne aussi l’impression d’être une bonne vivante. La culture des cafés y est encore tenace, et le salon de thé Gerbeaud, le ‘Ritz’ hongrois, en est l’apothéose. Son décor rococo ne peut que vous faire plonger la fourchette la première dans ses véritables sculptures de pâtisseries raffinées. Les petites places et ruelles d’antiquaires, les marchés couverts, les ‘bazars’ en tous genres, n’enlèvent rien au plaisir des flâneurs, et les nombreux bains publics, dont les plus célèbres, les Bains Széchenyi, offrent l’occasion de se baigner en plein air à tout moment de l’année, sur fond de bâtiments historiques et de fontaines impressionnantes.

Ainsi, chers lecteurs, vous conviendrez je l’espère que, outre son Mc Do, Budapest a les moyens de vous faire vivre la grande vie le temps d’un long week-end. Allez-y donc voir par vous-mêmes, si vous ne me croyez toujours pas !

A. Louette – Rédactrice TRIBUNES ROMANDES

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