Faut-il savoir cuisiner pour manger « équilibré » ?

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Catégorie : Editorial

Par Romain Wanner, rédacteur en chef TRIBUNES ROMANDES

C’est la grande mode du moment, parler de l’alimentation « saine ». On tente de bannir de nos assiettes la graisse, le sel, le sucre, mais pour les remplacer par quoi ? Je ne vais pas faire ici une appréciation pour savoir s’il est « utile » de manger équilibré ou s’il est plus « sain » de ne pas manger des pâtes ou des pizzas à tous les repas, mais je vais plutôt regarder l’aspect technique…

En effet, pour soi-disant « bien » manger, il faut tout d’abord ne consommer que ce qui est de saison… Déjà là, on est mal ! Non pas que l’on ne trouve pas ces aliments dans le commerce, il est évident que la plupart des grands distributeurs en proposent, mais comme toujours, on sait que malgré qu’il fasse -20°C en plein hiver par chez nous, on trouvera de belles tomates au Supermarché toute l’année ! Ainsi, on sait que les gens consomment surtout ce qu'il y a en rayon...

Or, manger « équilibré » cela ne veut pas dire non plus de ne manger que des légumes… La verdure c’est bien, mais ce n’est pas tout. Il faudrait manger aussi des féculents ! Bon, si la majorité des humains qui liront cet article savent faire cuire du riz, ce n’est pas pour autant qu’on a toujours des idées pour varier les goûts…

Plus que les idées, il y a aussi la notion de temps… On vit dans une société qui fonctionne à la vitesse de la connexion internet : en vacances, on vit « seulement » à la vitesse du vieux modem du chalet, mais au quotidien, on fait tout pour approcher le débit de la fibre optique… En gros, on veut que cela aille vite, que ça soit immédiat ! Mais la cuisine, c’est un art… Et comme le dit un proverbe, l’art prend du temps et le temps passe vite ! Ainsi, cuisiner ce n’est pas forcément un plaisir pour tout le monde, c'est parfois une contrainte...

Donc passer, ne serait-ce, qu’une  heure et demie dans la cuisine pour faire à manger, c’est souvent déjà trop long pour bien des gens. Se faire plaisir, oui, prendre le temps, aussi, mais pas au quotidien. C’est là qu’entre en jeu la « Junkfood » ou la nourriture rapide : pâtes, pizzas, burgers, plats pré cuisinés et autres… Gain de temps, possibilité de faire autre chose en rentrant du travail que de s’obliger à « bien faire » et surtout, diversité sans se creuser la tête…

On est obligé de manger tous les jours, sans cela, on meurt… Ainsi, cuisiner est parfois une obligation pour certains. Bien souvent, c’est un hobby. Mais un hobby, cela se pratique durant le temps libre et donc plutôt le week-end que la semaine.

Après, les plats prés cuisinés sont souvent considérés comme une bonne alternative à la cuisine. Quelqu’un l’a fait pour nous, trois minutes de micro-ondes et c’est prêt ! Diversité, facilité, gain de temps pour un coût un peu plus élevé, cela peut finalement « valoir la peine »… En tout cas, c’est ce que doivent se dire bien des gens car sinon on ne verrait pas ces plats dans les commerces. Mais lorsque l'on y regarde de plus près, la composition peut faire un peu peur... Et le goût, malheureusement, n'est pas toujours si délicat que l'on pourrait le croire en regardant la boite...

Pour répondre à la question du titre et pour conclure cet article, je pense qu’il est essentiel d’avoir des bases. Comment apprêter les cardons si on pense que c’est un poisson ? Comment faire une ratatouille si on croit que c’est une race de rat ?  Mmh, je vais peut-être un peu loin… Mais si on devait ne manger QUE sainement, il faudrait que dans chaque ménage se dévoue l’un ou l’autre pour prendre du temps pour réaliser des repas. Est-on prêt à le faire ? De moins en moins… De plus en plus de ménages voient les deux parents travailler.

Alors peut-être qu’avec l’essor des concours télévisés de cuisine, on verra un changement, mais je doute qu’il se fasse dans ce sens. Surtout que dans la « grande cuisine » on est rarement dans l’équilibre… Niveau beurre, crème et autre, la cuisine française se pose là… Ces émissions nous donnent plutôt envie d'aller dans un restaurant gastronomique que de s'essayer à rater un truc compliqué!

Il reste encore quelques solutions… Aller au restaurant (mais ce n’est pas faisable au quotidien…) ou encore aller chez des gens pour leur acheter un repas : de plus en plus, des personnes retraitées ou simplement passionnées vendent leurs plats directement depuis chez elles. Cela leur permet d’arrondir leur fin de mois, de pouvoir assouvir leur besoin de cuisiner, de pouvoir faire des quantités « raisonnables » (car s’amuser à faire un pot-au-feu pour une seule personne, c’est un peu du suicide) et aussi de faire plaisir à ceux pour qui la cuisine n’est pas forcément un plaisir… Ceci, pour une modique somme d’argent, qui couvre les frais de la personne et ainsi, tout le monde s’y retrouve !

Sinon, c’est aussi la mode du cannibalisme… Gratuit, disponible partout, mais pour ça, il faut montrer un tempérament « coriace »… Et puis, je crois que ce n'est pas encore trop entré dans les moeurs.

Romain Wanner- rédacteur en chef des Tribunes Romandes

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