Bon, avouons-le tout de suite : je n’ai jamais été extrêmement passionnée par les produits de beauté. Je sais, c’est rude comme affirmation, mais c’est comme ça. Je n’ai jamais rien compris aux multiplo-peptides, abracada-dérivés et perlimpin-pots de crèmes qui renferment les secrets de la jeunesse et de la beauté éternelles. Sans doute le simple fait de me sentir perdue face à la surabondance d’offres et de promesses du monde des cosmétiques m’y a-t-il laissée légèrement indifférente ? Peut-être, aussi, le prix exorbitant de tous ces élixirs miracles m’a-t-il sérieusement freinée, me laissant plus heureuse dans la confiance envers le bon vieux pot de crème bleu et blanc présent dans toutes les salles de bains du monde entier, qui a réponse à tout…
Pourtant, malgré tout - voilà pour vous le paradoxe féminin - je ne résiste pas à la collectionnite de petits pots en tous genres, même si j’oublie la plupart du temps de les ouvrir. Et puis, la vague ‘bio’ et le phénomène grandissant du ‘faites-le vous-mêmes’ m’ont, il faut bien le dire, bien emballée, donc je n’ai pas tardé à vouloir jouer les apprenties sorcières au rayon beauté.
Rassurez-vous, avant que je vous narre les explosions diverses de cire chaude et les brûlures au quatorzième degré infligées au chat de la voisine en essayant un nouveau sérum de jouvence, je vous promets de rester raisonnable : comme je me méfie de mes propres élans et expérimentations, je me suis limitée à ne tester que des recettes simples, avec des ingrédients faciles à trouver et, si possible, livrés sans une notice d’avertissement de risques toxiques de 300 pages. Comme je n’avais pas envie de me cantonner aux rondelles de concombre éparpillées sur mon visage, je me suis donc dirigée tout droit vers ma boutique bio, qui commence à stocker une variété impressionnante d’huiles essentielles, de glycérine pour fabrication de savon, ou encore de fleurs à faire infuser. Parfait pour assembler mon kit d’artisane cosmétique débutante !
Comme je le soupçonnais, je me suis beaucoup amusée durant ces petites décoctions et mélanges, et la satisfaction d’avoir composé moi-même ces produits, avec les parfums que j’aime, de sources on ne peut plus naturelles, ne fait qu’ajouter au plaisir que j’ai à les utiliser – de plus en plus fréquemment, comparé à mes habitudes passées. Voici quelques-unes de mes recettes testées et approuvées, au cas où vous voudriez vous lancer.
Les infusions et laits
Commençons par le plus simple : les infusions de plantes ne requièrent que de l’eau bouillante et des plantes séchées, donc jusqu’ici, tout va bien ! Les fleurs de camomille baignées dans de l’eau chaude produisent une vapeur qui assainit et calme les peaux sèches… et en plus, votre salle de bain sent comme les crèmes anti-rougeurs de votre enfance ! Le romarin, quant à lui, donne au visage un air plus reposé, tandis que la menthe poivrée fait des miracles pour les peaux grasses.
En passant par les armoires de la cuisine, on peut aussi chiper quelques amandes pour créer son propre lait d’amande douce. En faisant tremper un petit sac de 150g de poudre d’amandes dans 250ml d’eau minérale pendant une nuit, on parvient facilement à en extraire un lait parfumé qui, utilisé en bain ou mélangé à du beurre de karité pur, regorge de bienfaits apaisants et hydratants pour la peau. Le lait d’avoine fut une autre découverte miraculeuse : il y a une joie inestimable à utiliser un ingrédient aussi simple dans la salle de bains… je ne regarde plus les paquets de muesli du même œil, maintenant ! Pour calmer les irritations et hydrater en profondeur, une chaussette ou une petite pochette de mousseline contenant 250g de flocons d’avoine peut être trempée dans une casserole d’eau bouillante pendant quelques minutes. En pressant la pochette, on peut mélanger le lait d’avoine à l’eau du bain. Pour une consistance plus épaisse, il suffit de cuire environ 20g de flocons d’avoine dans un fond d’eau, et de les laisser gonfler pendant 15 minutes. Ensuite, en filtrant la bouillie d’avoine à travers un tamis et en pressant bien l’extrait d’avoine, on obtient une crème qui n’a peut-être pas l’air si appétissant, mais s’étale parfaitement sur tout le corps.
Le savon fait maison
La plupart des pharmacies ou boutiques bio vendent des barres de glycérine ou glycérol pour la fabrication de savons. Cette base est utilisée pour les savons ‘maison’ les plus simples : il suffit de la couper en petits blocs et de la faire fondre (à basse température !) au four à micro-ondes ou au bain-marie. Lorsque le mélange est fondu, vous pouvez y ajouter quelques gouttes d’huile essentielle de votre choix, ainsi que du colorant cosmétique si vous le désirez. Après avoir bien mélangé la mixture, versez-là dans des moules huilés (des ramequins de pâtisserie ou des vieux moules à bavarois font très bien l’affaire aussi, et donnent un résultat plutôt marrant), et laissez-les refroidir pendant environ deux à trois heures, en fonction de la taille des moules.
A. Louette – Rédactrice TRIBUNES ROMANDES
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